Il n'y a que la première parole qui coûte
C'est
ainsi que Mrs. C. débute ce qui est tout à la fois
une confession, une anamnèse, un aveu mais surtout et avant
tout le récit des vingt-quatre heures de la vie de cette
femme qui auront compté plus que tout le reste de son existence.
Chez Zweig, Mrs. C. est une aristocrate anglaise. Dans notre spectacle,
Mrs C est une jeune signare*.
Qu'une femme Africaine prenne en charge ce texte n'est pas le
plus important - car au nom de quoi cette aventure ne saurait
arriver à une femme de ce continent ? Mais qu'une
comédienne issue de la tradition du conte s'empare de ce
texte, voilà qui semble plus captivant.
C'est donc autour de la question du conte, de la narration que
va évoluer le spectacle qui doit mettre en valeur la présence
et le talent de l'artiste conteuse.
Cette histoire est aussi une anamnèse et c'est à
dessein que ce terme - issu du vocabulaire psychanalytique - est
utilisé.
En effet, ce sont des doubles récits de cures qui se font
entendre également dans ce texte.
L'un qui narre - comme une protohistoire de la psychanalyse -
la cure impossible d'un dépendant au jeu, l'autre - celui
précisément de Mrs C. qui fait sa cure devant nous
- mis en position d'écoutant.
Redoublant la position du spectateur, un musicien choriste, une
chanteuse traditionnelle accompagneront Marie-Anne SADIO dans
le rôle de cette femme qui apprend à ses dépens
qu'on ne sauve pas les gens malgré eux.
Cette leçon qui lui sera infligée sera en même
temps le moment de sa vie qui l'aura fait exister.
Les costumes refléteront tout aussi bien l'époque
de Zweig que celle des Indépendances Africaines
Du texte nous ne garderons que la seconde partie en coupant le
long prologue. Le spectacle est prévu pour durer 1h20.
Nous jouerons la version française parue au Livre de Poche
(édition bilingue).
*Signare : jeune Métis à la beauté et
à la culture légendaire de Saint-Louis du Sénégal
et de l'Île de Gorée.